Petite histoire des Green / Super Eagles (Deuxième Partie)

La fin du siècle dernier était marquée par un nombre important d’équipes légendaires, qu’elles soient nationales ou de clubs, et l’une d’entre elles n’était pas un des ogres Européens ou Sud-Américains. Pendant une période, c’est l’équipe nationale du Nigeria qui a bénéficié d’une hype importante. Retour sur l’histoire d’une formation qui a changé définitivement la dimension du football Africain. La deuxième partie se passe principalement aux Etats-Unis, de la Coupe du Monde 1994 aux Jeux Olympiques d’Atlanta 1996.

Après avoir remporté le titre de champions d’Afrique en Tunisie, les Nigérians sont désormais classés cinquièmes au classement FIFA d’avril 1994 et veulent montrer qu’ils sont également compétitifs au niveau mondial. Pour avoir le maximum de chances de leur côté, les dirigeants concoctent un programme de préparation avec des oppositions relevées.

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Malheureusement, les résultats en préparation sont moyens, le Nigeria s’incline contre ces adversaires de bon calibre, que ce soit contre la Colombie (0-1), la Suède (1-3), et la Roumanie (0-2), seule la modeste Géorgie est battue (5-1) et on commence à craindre le pétard mouillé, alors que certains rêvent de voir les Super Eagles faire mieux que le Cameroun quatre ans plus tôt. Par ailleurs, Stephen Keshi a perdu sa place de titulaire en défense centrale, il ne profite pas de la blessure de son remplaçant Uche Okafor pour retrouver le onze de départ, Clemens Westerhof lui préfère Chidi Nwanu. Il reste tout de même le capitaine du groupe, mais la décision du sélectionneur lui semble dure à avaler. Le groupe des vingt-deux joueurs est sensiblement le même que celui de la CAN ayant eu lieu deux mois auparavant.

Rashidi Yekini célèbre le premier but de l’histoire du Nigeria en Coupe du monde. | Crédit image : Neusroom.com

Un démarrage fracassant

Le premier match de l’histoire du Nigeria en Coupe du Monde a lieu le 21 juin 1994 à Dallas contre la Bulgarie, et le monde entier découvre une équipe impressionnante. Sans complexes, les Super Eagles dominent physiquement mais aussi techniquement une équipe Bulgare composée pourtant d’artistes tels que Stoïchkov ou Balakov. Chose qui était rare à l’époque pour une formation Africaine, c’est la maturité tactique des Super Eagles qui frappe, chaque joueur a un rôle et contribue à sa façon dans un collectif bien huilé. La Bulgarie ne voit pas le jour, et à la 20e minute à l’issue d’une superbe action sur le côté droit entre Amokachi et Finidi, ce dernier centre pour Yekini qui pousse le ballon dans le but vide. Beau symbole de voir Yekini marquer le premier but de l’histoire du Nigeria en phase finale de Coupe du Monde, sa joie dans les filets pour célébrer son but sera l’une des images marquantes de ce tournoi. Hristo Stoïchkov marque un fantastique coup franc quelques minutes plus tard, mais le but est refusé car le coup de pied arrêté était indirect, le Bulgare n’a pas vu le bras levé de l’arbitre. C’est l’une des rares occasions Bulgares, derrière Amokachi tout en puissance double la mise à la 41e minute. La seconde période est de la même veine que la première, et à la 54e minute les Super Eagles enfoncent le clou sur un énième centre de George Finidi, Emmanuel Amunike d’une superbe tête plongeante donne à la victoire des allures de leçon de football. Le Nigeria s’impose 3-0 et marque les esprits, en un seul match il fait figure d’épouvantail et l’artiste Augustine Okocha n’a même pas participé au match. Cette absence qui paraît anecdotique au départ est annonciatrice d’un malaise au sein du groupe, Yekini se plaint d’être trop isolé et l’absence d’un pourvoyeur de ballon tel que “Jay-Jay” limite le nombre de ballons reçus par le taureau de Kaduna. Westerhof estime que l’équipe doit être plus prudente qu’en Coupe d’Afrique et se prive d’une touche technique en plus. Sue ce match c’est surtout George Finidi, le joueur de l’Ajax Amsterdam, qui a crevé l’écran sur le côté droit de l’attaque.

Le premier gros test a lieu quatre jours plus tard à Boston, pour la première fois le Nigeria croise l’Argentine pour ce qui va devenir un classique redondant de la Coupe du Monde (les deux équipes vont s’affronter cinq fois sur les sept Coupes du Monde comprises entre 1994 et 2018). Maradona, qu’on annonçait fini, a impressionné au cours de son premier match contre la Grèce remporté 4-0. D’entrée, le Nigeria joue sans complexes et ouvre rapidement la marque par Samson Siasia à la 8e minute de jeu, d’une jolie balle piquée à l’entrée de la surface adverse, après un gros travail de percussion de Yekini. Le match est de très haut niveau, mais l’Argentine prend petit à petit l’ascendant sur les Africains. Rufaï, impérial contre la Bulgarie, relâche un coup franc puissant de Gabriel Batistuta dans les pieds de Claudio Caniggia qui remet les deux équipes à égalité à la 21e minute. Naïfs, les Nigérians se font surprendre sept minutes plus tard, Diego Maradona joue rapidement un coup franc et trouve Caniggia, oublié par Finidi et seul face à Rufaï, l’Argentin ne se fait pas prier pour inscrire son second but de la journée et donner l’avantage à l’Albiceleste. Roublards, les Argentins parviennent à maîtriser la rencontre et à sortir certains Nigérians de leur match, Maradona livre une énorme performance. Les Super Eagles voient le chemin qu’il leur reste à parcourir pour faire partie des favoris, la qualité est là, il manque un peu d’expérience pour atteindre ce niveau. Ce match est également connu comme étant le dernier d’El Pibe De Oro en Coupe du Monde, il est contrôlé positif à l’éphédrine à l’issue du match et est exclu de la compétition, l’Argentine ne gagnera plus un match du tournoi.

Le dernier match du premier tour est contre l’adversaire, a priori le plus faible du groupe, la Grèce, à Boston. Les Nigérians dominent outrageusement la rencontre, mais manquent cruellement de réalisme. Il faut attendre les arrêts de jeu de la première période pour voir Finidi ouvrir le score d’une balle piquée. Les Super Eagles continuent de dominer mais manquent le cadre, trouvent le poteau, ou s’emmêlent les pinceaux, Yekini n’est jamais trouvé, et les Grecs reprennent confiance, ils s’offrent plusieurs occasions d’égaliser. Dans le même temps la Bulgarie marque en toute fin de match contre l’Argentine et s’impose 2-0, à la surprise générale. Le Nigeria se retrouve troisième du groupe et risque d’affronter un adversaire corsé en huitièmes de finale. Daniel Amokachi prend ses responsabilités et envoie une frappe surpuissante dans la lucarne de Karkamanis à la 94e minute. Victoire 2-0 et ce but offre la première place du groupe au Nigeria qui jouera contre un troisième de groupe. A noter le premier match de Stephen Keshi qui retrouve sa place en défense centrale.

Un cruel manque d’expérience

Ce but d’Amokachi qui devait être un avantage, va se transformer en cadeau empoisonné, le Nigeria hérite au second tour de l’Italie, poussive pendant les poules et troisième de son groupe. Les Super Eagles semblent prêts, le match contre l’Argentine doit avoir servi de leçon, il ne faudra pas reproduire les mêmes erreurs. Westerhof décide de titulariser Okocha en lieu et place de Siasia, il estime que la technique du natif d’Enugu permettra d’avoir une supériorité technique sur son adversaire du jour, Keshi retourne sur le banc de touche. Le match se déroule encore une fois à Boston, et l’Italie montre d’entrée qu’elle n’est plus la même équipe à partir du moment où les matches à élimination directe démarrent. La Squadra Azzura d’entrée prend d’assaut le but Nigérian, la défense adverse plie mais ne rompt pas. Et surprise, sur un corner tiré par Finidi, suite à un coup de billard, Amunike d’un subtil extérieur du pied devance la sortie de Luca Marchegiani, le remplaçant de Gianluca Pagliuca suspendu, et ouvre le score pour les Super Eagles à la 25e minute. Le Nigeria décide de jouer en contre et accepte de subir la domination Italienne. La défense tient bon et reste peu inquiétée, de plus le sort s’acharne sur l’Italie, Gianfranco Zola prend un carton rouge sévère à la 75e minute, rien ne semble tourner rond pour les Européens. Peut-être en compensation, l’arbitre oublie de donner un carton rouge à Paolo Maldini qui accroche un Rashidi Yekini filant seul au but. Le Nigeria, en supériorité numérique, se procure plusieurs occasions, mais à tendance à jouer un peu trop facilement comme si la qualification était déjà acquise. L’histoire a souvent rappelé qu’il ne fallait jamais enterrer les Italiens, et ce match va encore une fois le prouver. Après un bon travail de Roberto Mussi sur le côté droit, ce dernier remet en retrait pour Roberto Baggio qui reprend du plat du pied droit et égalise à la 89e minute. L’Italie revient de l’enfer et arrache la prolongation. Celle-ci est indécise, les deux équipes sont exténuées, et en fin de première mi-temps, à la 102e minute de jeu, sur une attaque côté gauche d’Antonio Benarrivo, Augustine Eguavoen vient à la faute et fauche le latéral Italien. Penalty indiscutable pour la Squadra, et Baggio exécute la sentence en prenant Rufaï à contre-pied avec l’aide du poteau. Dès lors, le Nigeria décide de reprendre un schéma plus offensif et se crée une flopée d’opportunités, Yekini bien moins en évidence au cours de cette World Cup, manque une terrible occasion devant le but vide, l’équipe Italienne résiste vaillamment et finit par l’emporter 2-1 de justesse.

Un après-mondial difficile

L’aventure Nigériane prend fin de façon frustrante, un manque d’expérience flagrant a mis fin à l’aventure d’une équipe qui a emballé les observateurs du football. Les choix tactiques de Westerhof ont également été dénoncés, notamment par Rashidi Yekini, ce dernier en a également profité pour critiquer ses coéquipiers qui ne l’ont pas soutenu dans sa guerre contre le coach. Les révélations fusent, et on apprend que George Finidi et Emmanuel Amunike devaient être exclus du groupe par le sélectionneur, mais que la fédération a imposé le maintien des deux joueurs. La belle ambiance apparente n’était que de façade, et le management autoritaire de Westerhof ne pouvait que logiquement mener à ce genre de conséquences. Néanmoins, les joueurs rentrent au pays en héros et sont fêtés par la population et le pouvoir en place dirigé par Sani Abacha. Clemens Westerhof quitte la sélection, Shaibu Amodu le remplace en intérim.

La jeunesse de l’équipe, les excellents résultats obtenus par les sélections de jeunes, et la possibilité de se confronter à de grandes nations du football mondial qui proposent des matches amicaux au Nigeria, laissent augurer un avenir radieux aux Super Eagles. 1994 ne doit être qu’une étape, l’objectif du Nigeria est maintenant d’aller chercher le trophée en 1998 en France. Le Nigeria change de dimension dans le domaine économique également en signant un contrat lucratif avec Nike.

Au lendemain de cette Coupe du Monde, les Super Eagles peuvent se préparer sereinement. Qualifiés d’office pour la CAN 1996 car tenants du titre, le Nigeria participe à l’ancêtre de la Coupe des Confédérations, la Coupe du Roi Fahd en Arabie Saoudite. Celle-ci se déroule en janvier 1995. Yekini n’est plus appelé en sélection, en revanche l’ossature reste la même. Les Super Eagles sont de très loin la meilleure formation du tournoi mais ne se qualifient pas en finale. Après avoir écrasé le Japon (3-0), ils sont accrochés par l’Argentine (0-0) au cours d’un match qu’ils ont pourtant très largement dominé. Ce sont les Argentins qui se qualifient en finale grâce à leur victoire 5-1 sur le Japon. Le Nigeria se contente d’un match pour la troisième place contre le Mexique. Ici aussi, la sélection est accrochée 1-1 alors qu’elle a outrageusement dominé la rencontre, et s’incline aux tirs au but 5-4.

Le Nigeria enchaîne par une prestation décevante en juin 1995 au cours de l’US Cup, compétition amicale conclue par trois défaites en trois matches contre les Etats-Unis (2-3), la Colombie (0-1), et le Mexique (1-2). Malgré l’absence de plusieurs titulaires, la fédération décide de limoger l’entraîneur Brésilien Carlos Alberto Torres, arrivé après le tournoi Saoudien, et nomme Jo Bonfère nouveau sélectionneur. Le Néerlandais est le coach en chef de l’équipe olympique, il était l’adjoint de Clemens Westerhof depuis 1989 et a conservé ce poste malgré le départ de son compatriote. Très apprécié des joueurs, sa gestion plus ouverte au dialogue peut devenir gage de succès. L’objectif est de remporter la CAN 1996 qui se déroulera en Afrique Du Sud.

Une couronne non défendue

Le premier test est une affiche exotique contre l’Ouzbékistan dans le cadre de la Coupe Afro-Asiatique. Les Ouzbeks ont remporté l’année précédente les Jeux Asiatiques. Jo Bonfrère convoque de nombreux jeunes, il rappelle Taribo West qui n’a été convoqué qu’une fois à l’aube de la Coupe du Monde 1994 sans faire partie du groupe final, et fait appel à quatre jeunes joueurs. En 1993, le Nigeria est devenu la première équipe Africaine à remporter un titre de champion du monde, au cours de la Coupe du Monde U17, en battant en finale l’ennemi juré Ghanéen 2-1 dans une finale 100% Africaine. Quatre joueurs de cette équipe ont crevé l’écran durant la compétition, Pascal Ojigwe, Celestine Babayaro, Wilson Oruma et surtout Nwankwo Kanu, ils feront partie du voyage en Ouzbékistan.

Les deux rencontres tournent facilement à l’avantage du Nigeria qui gagne 3-2 à Tachkent puis 1-0 à Lagos sans vraiment forcer. Les jeunes joueurs sont parfaitement intégrés dans le groupe et la concurrence pour gagner sa place est de plus en plus relevée. Victor Ikpeba devient titulaire en attaque en remplacement de Yekini. Tenant du titre, le Nigeria s’avance en énorme favori de la CAN à venir, d’autant plus que le tirage au sort a été clément. Le Nigeria tombe sur le Zaïre, le Gabon et le Liberia de George Weah, Ballon d’Or 1995, qui participe à sa première CAN.

Malheureusement, Jo Bonfère et ses hommes ne feront pas partie de la première CAN à seize équipes. La géopolitique intervient souvent dans le football, et les relations détestables entre les diplomaties Sud-Africaines et Nigérianes vont avoir raison du sport. L’écrivain Ken Saro-Wiwa est un opposant déclaré au régime militaire de Sani Abacha, le général à la tête du pays depuis 1993. Il est président du mouvement pour la survie du peuple Ogoni, une minorité ethnique vivant dans le delta du Niger, qui lutte contre les abus écologiques effectués sur ses terres par les compagnies pétrolières et notamment Shell. Arrêté par la junte militaire qui l’accuse de violences contre des villages Ogoni, alors que celles-ci ont été perpétrées par le pouvoir en place dans un régime de terreur, il est exécuté le 10 novembre 1995 avec huit membres de son mouvement. La communauté internationale condamne cet assassinat politique et en premier lieu, le président Sud-Africain Nelson Mandela. Il prône la mise en place d’un embargo sur le pétrole Nigérian, premier producteur Africain. Sani Abacha en réponse décide de boycotter la compétition devant se dérouler en janvier 1996. Malgré la médiation initiée par Issa Hayatou, le président de la CAF, et la demande unanime des joueurs Nigérians pour participer au tournoi, le régime reste inflexible, le ministère des Sports confirme l’absence des Super Eagles en Afrique Du Sud, en arguant que la sécurité de la délégation ne serait pas suffisamment assurée sur les terres de la nation arc-en-ciel.

Objectif JO

Passée la déception de ne pas participer au grand tournoi Africain, le Nigeria apprend qu’il en est également exclu pour les deux prochaines éditions. Une compétition à la base réservée aux moins de 23 ans va devenir l’objectif principal de l’année, les Jeux Olympiques qui se déroulent en août à Atlanta. Au vu de la jeunesse de l’équipe A, c’est la majorité de cette formation qui pourra se présenter aux Etats-Unis. De plus le règlement autorise la convocation de trois joueurs de plus de 23 ans. Bonfrère prend Uche Okechukwu (28 ans), Emmanuel Amunike (25 ans) et Daniel Amokachi (23 ans mais né le 30 décembre 1972 alors que la date limite d’éligibilité était le 1e janvier 1973). Le reste de l’équipe a très fière allure Okocha et Oliseh sont des habitués de la sélection, Kanu, Oruma, Ikpeba, Babayaro, West s’y font une place, Lawal, Babangida, Oparaku, ou le prometteur gardien de but Dosu sont proches d’intégrer les A. Il a fallu faire des choix, Rufaï, Finidi, Eguavoen, Adepoju, ou Siasia ne font pas partie du groupe.

Les champions Olympiques 1996. De gauche à droite et de haut en bas: Augustine Okocha, Daniel Amokachi, Sunday Oliseh, Taribo West, Uche Okechukwu, Nwankwo Kanu, Victor Ikpeba, Tijani Babangida, Mobi Oparaku, Celestine Babayaro, Joseph Dosu. | Crédit image : TheseFootballTimes.co

Le Nigeria remporte assez facilement son premier match contre la Hongrie. Le petit score de 1-0 ne reflète pas la physionomie de la rencontre. Le but est inscrit par Nwankwo Kanu à l’issue d’une superbe action collective conclue par un une-deux entre le buteur et Amokachi. Deux jours plus tard, c’est le Japon qui est vaincu beaucoup plus difficilement. La décision se fait à sept minutes de la fin, lorsque sur une attaque Nigériane, le malheureux défenseur Japonais Tadahiro Akiba dévie le ballon de la poitrine et marque contre son camp. Les Asiatiques ne s’en remettent pas et encaissent un second but dans les arrêts de jeu sur un penalty d’Okocha.

Le troisième match du premier tour s’annonce encore plus corsé, le Nigeria défie le Brésil. Les Auriverde sont dans le même état d’esprit que les Africains, sans autre compétition en 1996 ils ont fait des Jeux Olympiques un objectif majeur d’autant plus qu’ils n’ont jamais remporté cette compétition. L’effectif est impressionnant Dida, Aldaïr, Roberto Carlos, Flavio Conceiçao, Bebeto, Rivaldo et Ronaldo font partie du groupe. De plus, les Brésiliens sont dos au mur, ils ont perdu contre le Japon leur match inaugural (0-1), même s’ils ont rectifié le tir contre la Hongrie (3-1), la victoire est quasi obligatoire.

Le Brésil démarre fort et fait le siège du but Nigérian, les Africains n’arrivent pas à sortir de leur moitié de terrain. L’ouverture du score de Ronaldo à la demi-heure de jeu, d’une frappe à l’entrée de la surface de réparation, n’en est que plus logique. Le Nigeria ne parvient pas à inquiéter le Brésil durant la rencontre et s’incline logiquement 1-0. Plus que la défaite, c’est la manière qui a laissé à désirer. Les Super Eagles ont clairement indiqué qu’ils venaient aux Etats-Unis pour remporter la compétition, mais ils ont semblé être plusieurs classes en dessous des Brésiliens. Le chemin pour la victoire est encore long. Le Nigeria finit deuxième du groupe et se qualifie au tour suivant.

L’adversaire en quart de finale est le Mexique, tombeur de l’Italie au premier tour. Les Nigérians décident d’emblée de prendre le jeu à leur compte, et ne laissent pas un instant de répit à leurs adversaires. Après 20 minutes de jeu, Augustine Okocha ouvre le score d’une puissante frappe des vingt mètres qui se loge dans le soupirail du but Mexicain. Le match est à sens unique, et Celestine Babayaro inscrit le second but de la rencontre à la 84e minute suite à un corner. Victoire nette et sans bavure du Nigeria 2-0 et place aux demi-finales.

Un match de légende

Six jours après leur première confrontation, les Super Eagles vont de nouveau croiser le fer avec le Brésil, cette fois pas de droit à l’erreur, une place en finale se joue. Les Auriverde ont éliminé le Ghana (4-2) au tour précédent, à l’issue d’un match fantastique. C’est leur troisième match consécutif contre une formation Africaine au cours de ces Jeux Olympiques. D’entrée, le Brésil obtient un coup franc aux vingt-cinq mètres. La puissante frappe de Flavio Conceiçao transperce le mur et trompe le portier adverse Joseph Dosu. Loin de se décourager, le Nigeria prend l’initiative du jeu, et sa domination est récompensée à la 20e minute. Sur une longue séquence de possession, Celestine Babayaro récupère le ballon sur le côté gauche et frappe au but, le ballon est repris par Roberto Carlos qui trompe son gardien Dida, les deux équipes sont de nouveau à égalité. Le match s’emballe, les actions se multiplient des deux côtés du terrain, le niveau est exceptionnel. A la 28e minute de jeu, Ronaldo place une accélération qui élimine Taribo West et tire, Dosu repousse dans les pieds de Bebeto, qui reprend le ballon et redonne l’avantage au Brésil. Dix minutes plus tard, une splendide action collective permet aux Auriverde de prendre le large. De l’extérieur du pied droit, Juninho Paulista envoie une longue passe vers Bebeto, qui dévie instantanément de la poitrine vers Flavio Conceiçao. Lancé à pleine vitesse, il tire en première intention, devance la sortie du gardien de but Nigérian et porte le score à 3-1. Le score est sévère pour les Super Eagles à la mi-temps, eux qui avaient globalement dominé les débats.

La seconde période voit le Nigeria dominer mais se casser les dents sur la défense Brésilienne. Quant aux Auriverde, ils manquent de lucidité au moment de mener leurs contres, face à une équipe qui s’est totalement découverte en défense, pour revenir au score. Il reste douze minutes à jouer, la finale semble s’éloigner pour les joueurs de Bonfrère. Taribo West effectue une montée rageuse et transmet le ballon à Daniel Amokachi, ce dernier emmène trois défenseurs Brésiliens avec lui, et décale à gauche vers Victor Ikpeba. En pleine course, le petit avant-centre reprend en première intention et place le cuir dans le petit filet opposé, le Nigeria a encore un but à remonter. Le but Brésilien est en état de siège, on entre dans les arrêts de jeu, Okocha effectue une longue touche dans la surface, le ballon arrive vers Kanu dos au but. D’un geste génial, il se lève l’objet circulaire et tout en toucher le place dans le but, en évitant la sortie de Dida dans ses pieds. Le Nigeria égalise à 3-3 et revient dans le match, c’est le but en or qui va désigner le vainqueur de cette bataille homérique. La prolongation ne dure que quatre minutes, les Nigérians sont déchaînés et sur la lancée de leur remontée. Okocha envoie le ballon aux vingt mètres, le cuir heurte le dos d’Amokachi qui remet involontairement à Nwankwo Kanu, le géant d’1,97m crochète Aldaïr et fusille Dida. Le Brésil est vaincu. Le Nigeria l’emporte 4-3 à l’issue d’un match exceptionnel.

Un premier titre Africain en seniors

C’est l’autre grand favori de la compétition qu’il faudra vaincre pour soulever le trophée. L’Argentine a aussi fait de ces Jeux Olympiques un objectif majeur de son année, l’effectif est impressionnant, Ayala, Chamot, Zanetti, Almeyda, Ortega, Lopez sont tous des titulaires en équipe A. L’Albiceleste monte en puissance, après un premier tour poussif marqué par une victoire contre les Etats-Unis (3-1), et deux nuls contre le Portugal (1-1) et la Tunisie (1-1), les Argentins ont nettement battu l’Espagne (4-0) et le Portugal (2-0) pour atteindre la finale. Le Nigeria devra livrer une performance du même acabit que face au Brésil pour prendre la médaille d’or.

Les Super Eagles démarrent mieux la partie et posent le pied sur le ballon. Mais l’Argentine marque sur sa première action offensive, Hernan Crespo déborde sur le côté droit, son centre est repris par Claudio Lopez qui ouvre le score après seulement 3 minutes de jeu. La finale est lancée sur un rythme très élevé, le Nigeria obtient un corner, Okocha et Kanu le jouent à deux, ce dernier centre vers Babayaro, exempt de tout marquage, qui égalise avec l’aide du poteau. Le public Américain a pris fait et cause pour les Africains, qui dominent dans l’impact physique. La bataille au milieu de terrain est âpre, la mi-temps arrive sur le score de 1-1 et ce match tient toutes ses promesses. En début de seconde période, Ariel Ortega lancé en profondeur, rentre dans la surface adverse et s’écroule, après avoir été à peine touché par Taribo West. L’arbitre désigne le point de penalty, Crespo s’élance et transforme la sentence en force, l’Argentine reprend l’avantage après 50 minutes de jeu. Dès lors, le Nigeria domine outrageusement la rencontre afin de revenir au score, la défense Albiceleste résiste tant bien que mal. A la 74e minute, une touche de Babayaro trouve Kanu qui dévie de la tête vers Wilson Oruma, le milieu manque sa reprise face au but, mais le ballon revient vers Amokachi. Légèrement dos au but, il reprend astucieusement de l’extérieur du droit, Pablo Cavallero est surpris et lobé, le Nigeria revient à 2-2. Le dernier quart d’heure est complètement fou, chaque équipe obtenant des occasions nettes. On entre dans le temps additionnel, Emmanuel Amunike obtient un coup franc sur le côté droit après une faute de Javier Zanetti. Wilson Oruma le tire vers le premier poteau, les Argentins jouent le hors-jeu et montent tous, mais trop tard, Amunike se retrouve seul devant la cage et en position légale, il ajuste du gauche Cavallero. Le Nigeria inscrit le but de la victoire, celui-ci est valable malgré les contestations Argentines. L’arbitre siffle la fin du match, après une superbe finale, les Super Eagles l’emportent 3-2, et deviennent champions Olympiques. C’est la première équipe Africaine à remporter un titre en football en seniors.

Le retour au pays est triomphal, les joueurs et le staff, Jo Bonfère en tête, sont fêtés en héros. Tout le continent Africain est fier de son phare footballistique. La CAF décide de réduire la suspension pour les prochaines CAN, le Nigeria pourra revenir en 2000, et ne manquera qu’une seule édition. L’objectif est maintenant clairement affiché, remporter le Mondial en France dans deux ans.

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