Petite histoire des Green / Super Eagles (Troisième Partie)

La fin du siècle dernier était marquée par un nombre important d’équipes légendaires, qu’elles soient nationales ou de clubs, et l’une d’entre elles n’était pas un des ogres Européens ou Sud-Américains. Pendant une période, c’est l’équipe nationale du Nigeria qui a bénéficié d’une hype importante. Retour sur l’histoire d’une formation qui a changé définitivement la dimension du football Africain. Troisième et dernière partie de cette saga qui suit la performance des Super Eagles en France en 1998, puis le lent déclin de cette génération dorée.

Après être rentré triomphalement d’Atlanta avec la médaille d’or autour du cou, l’étape suivante est claire, le Nigeria doit remporter la Coupe du Monde 1998 en France. En 1996, au vu de l’effectif, mais surtout de la qualité de jeu, c’est plausible. Si la plus grande compétition planétaire avait eu lieu cette année-là, le Nigeria serait un favori en puissance. Le rêve de l’Afrique de voir une équipe du continent soulever la Coupe du Monde semble être réalisable.

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Malgré cet objectif ambitieux, Jo Bonfrère quitte son poste, et derrière une série de sélectionneurs se succède à la tête de l’équipe nationale en un an et demi.

La Coupe du Monde passe à trente-deux équipes en 1998, l’Afrique dispose maintenant de cinq places qualificatives. Le groupe dont hérite le Nigeria en phase éliminatoire, est clément, il faut finir premier devant la Guinée, le Burkina Faso et le Kenya. Les Super Eagles se qualifient au bout de cinq journées, sans jamais trembler, seule la Guinée parvient à battre le Nigeria (0-1) au cours du dernier match alors que les Super Eagles étaient déjà qualifiés. Le Burkina Faso (2-0 puis 2-1), le Kenya (1-1 puis 3-0) et donc la Guinée vaincue 2-1 au match aller n’ont jamais été en mesure d’empêcher le Nigeria de rejoindre la France.

Une série désastreuse

En décembre 1997, l’expérimenté coach Serbe Bora Milutinovic est nommé sélectionneur et succède à Philippe Troussier, resté seulement six mois. Il va participer en France à sa quatrième Coupe du Monde en tant qu’entraîneur, et avec quatre sélections différentes. L’effectif ne change pas, c’est le même que celui qui a remporté le titre olympique en 1996, auquel on ajoute les joueurs plus expérimentés habitués de la sélection, comme George Finidi ou Mutiu Adepoju.
Le Nigeria ne peut disputer la CAN 1998 au Burkina Faso, pour cause de suspension, et ne peut donc pas s’étalonner avant la compétition mondiale. Néanmoins, l’équipe est sûre de sa force et se sent prête pour remporter le titre en France. Milutinovic goûte peu à ce qu’il prend pour de l’arrogance de la part de ses joueurs. Il concocte un programme de matches amicaux très corsé à ses joueurs, afin de leur permettre de remettre les pieds sur terre. Le Nigeria affrontera l’Allemagne, la Yougoslavie, et les Pays-Bas.

Si le premier match contre l’Allemagne est encourageant malgré la défaite 0-1, les deux suivants sont catastrophiques, le Nigeria se fait écraser en Yougoslavie (0-3), et pire encore aux Pays-Bas (1-5). La recherche d’humilité que voulait provoquer Milutinovic par ce programme ambitieux se retourne contre lui, les Nigérians ont totalement perdu leur football et leur confiance. De plus un énorme problème de gardien de but se présente, Joseph Dosu, le portier de l’équipe Olympique de 1996, est victime d’un accident de voiture et ne pourra plus jamais jouer au football, ses successeurs ne donnent pas satisfaction, Peter Rufaï est donc rappelé en sélection. Le poids des années a fait son œuvre, son niveau n’est plus du tout le même qu’en 1994, le manque de concurrence fait qu’il sera titulaire en France par défaut. Pour noircir encore le tableau, Emmanuel Amunike se blesse gravement au genou et déclare forfait, Daniel Amokachi traîne aussi un genou récalcitrant, il fait partie du groupe mais sera loin d’être à 100% de ses capacités. Nwankwo Kanu, victime d’une malformation cardiaque, a été opéré avec succès, mais peine à retrouver le niveau qu’il avait en 1996, il fait quand même partie de l’équipe qui s’envole pour la France. Au vu de ces absences, Rashidi Yekini, rappelé en février 1998, sera aussi de la partie à la surprise générale. Enfin le Nigeria hérite du groupe de la mort en compagnie de l’Espagne, de la Bulgarie, et du Paraguay.

Les Super Eagles au Mondial 1998. De gauche à droite et de haut en bas: Uche Okechukwu, Victor Ikpeba, Taribo West, Peter Rufaï, Sunday Oliseh, George Finidi, Garba Lawal, Celestine Babayaro, Augustine Okocha, Mobi Oparaku, Mutiu Adepoju. | Crédit image : Yahoo.com

La magie opère de nouveau

Le pessimisme est ambiant, le rêve de remporter la Coupe du Monde s’est éloigné en quelques mois, et le 13 juin 1998, le but est d’éviter d’être ridicule contre l’Espagne et son armada. Les Ibériques n’ont perdu qu’une seule rencontre en 34 matches, seule la France de Zidane est parvenue à les vaincre le jour de l’inauguration du Stade de France à Saint-Denis.

A Nantes, au Stade de la Beaujoire, la Roja attaque d’entrée et se crée deux énormes occasions après seulement 20 secondes de jeu, Raul d’une tête puissante heurte la barre transversale. Mais les Nigérians sortent la tête de l’eau et parviennent à se procurer plusieurs occasions franches. C’est presque contre le cours du jeu, que Fernando Hierro ouvre le score sur coup franc à la 21e minute. Loin de se démonter, les Nigérians obtiennent un corner sur la droite, 3 minutes plus tard, Garba Lawal le tire, et Mutiu Adepoju reprend puissamment de la tête au premier poteau, c’est l’égalisation. Cette première mi-temps très rythmée se conclut sur un score de parité 1-1, le Nigeria semble retrouver ses vertus dès que la compétition reprend. La seconde période démarre comme la première, par une énorme occasion Espagnole. La longue transversale de Hierro est reprise de volée par Raul qui redonne l’avantage aux Ibériques 20 secondes après le retour des vestiaires. Les Super Eagles sont en difficulté notamment Mobi Oparaku, l’arrière droit. A 20 minutes de la fin, Milutinovic tente un coup, il remplace le latéral par le vétéran Yekini et l’effet est immédiat. Le taureau de Kaduna effectue, 3 minutes après son entrée en jeu, une puissante percée dans l’axe, et transmet le ballon vers la gauche à Garba Lawal, le milieu de terrain centre fort vers le but et, de façon incompréhensible, le gardien de but Espagnol Andoni Zubizaretta met le ballon dans son propre but, sur une faute de main. Le match est totalement relancé, le Nigeria domine largement, et sur une longue touche d’Okocha renvoyée dans l’axe par Hierro, Sunday Oliseh reprend d’une demi-volée puissante le ballon de 25 mètres et donne l’avantage au Nigeria de façon magistrale à la 77e minute. L’Espagne prend un violent coup sur la tête, les Super Eagles régalent le public, Jay-Jay Okocha en premier lieu. Le match se conclut sur cette retentissante victoire 3-2, et d’un coup les partenaires du capitaine Okechukwu redeviennent des favoris pour la victoire finale.

6 jours plus tard, au Parc des Princes, c’est la Bulgarie qui est opposée aux Nigérians, Amokachi est titularisé. Le match est à sens unique, les coéquipiers de Stoïchkov sont complètement dépassés. La domination est encore plus écrasante que 4 ans auparavant, et Okocha livre un match exceptionnel. C’est logiquement, à la 27e minute, que les Super Eagles ouvrent le score à l’issue d’une superbe action collective. Okocha transmet le ballon à Amokachi qui remet en une touche à Victor Ikpeba, l’attaquant feinte Trifon Ivanov avant même de contrôler le ballon, et trompe Zdravkov en finesse. Les occasions continuent de se multiplier mais le score ne bouge pas. Le scénario de la seconde période est identique, mais le Nigeria manque cruellement de réalisme, et commence à se faire peur en fin de match, la sanction n’est pas loin de tomber lorsqu’une frappe d’Emil Kostadinov heurte la barre. Néanmoins, le Nigeria remporte la victoire 1-0 et est déjà assuré d’être premier du groupe.

Une chute inattendue et catastrophique

Le dernier match du groupe contre le Paraguay, à Toulouse, est sans enjeu pour le Nigeria. C’est pourquoi Milutinovic fait tourner son effectif, 8 titulaires sont mis au repos, de l’autre côté les Sud-Américains doivent l’emporter pour se qualifier. Du coup, la motivation est différente, les Guaranis rentrent tambour battant dans le match et ouvrent le score dès la 1e minute, suite à un coup franc et une tête de Celso Ayala. Ce début manqué réveille les Nigérians, ils reviennent rapidement dans la partie et égalisent par Wilson Oruma à la 11e minute qui reprend le ballon après un bon travail de Tijani Babangida. Le match est équilibré, aucune équipe ne parvient à forcer la décision. Pourtant à la 58e minute, une puissante frappe de Miguel Angel Benitez trompe le gardien Nigérian et redonne l’avantage au Paraguay. La fin du match voit les Super Eagles pousser pour égaliser sans succès, pire à la suite d’une mauvaise relance de Rufaï, José Cardozo clôt la marque à la 86e minute et offre la victoire 3-1 aux Paraguayens, qui se qualifient et éliminent l’Espagne qui bat la Bulgarie 6-1 pour rien. Cette défaite est sans conséquence pour le Nigeria qui jouera le Danemark en huitièmes de finale.

Le match se déroule au Stade de France, beaucoup y voient une formalité pour les Africains, qui pensent déjà à un éventuel quart de finale contre le Brésil. Jay-Jay Okocha, créateur d’une nouvelle feinte prodigieuse, indique en réserver une autre encore plus dévastatrice contre les Auriverde.

Mais avant d’en arriver là, il y a un match à disputer, et les Danois ne sont pas venus en victime expiatoire. Le Nigeria est encore coupable d’un début de match manqué et concède un but après seulement 3 minutes de jeu. Peter Moller reprend, en première intention, une intelligente remise de Michael Laudrup. La suite est cauchemardesque, sur un puissant coup franc de Moller, Rufaï repousse le ballon dans les pieds de Brian Laudrup qui double la mise. Le gardien est loin d’être irréprochable. Après 12 minutes de jeu, les quarts de finale s’éloignent déjà pour les Super Eagles. Avec deux buts de handicap, la tâche est extrêmement ardue, la domination Nigériane est stérile, les Danois restent peu inquiétés. Pire encore, la deuxième mi-temps voit les Scandinaves reprendre la maîtrise du jeu, à la 59e minute, Michael Laudrup lève le cuir vers Ebbe Sand, qui se l’emmène de la tête, élimine Taribo West et conclut du droit. L’attaquant venait de rentrer et touchait là son premier ballon. La correction n’est pas finie, Martin Jorgensen envoie une frappe en apparence anodine, Rufaï ne parvient pas à maîtriser le ballon, Ebbe Sand le récupère et remet à Jorgensen, celui-ci centre pour Thomas Helveg, qui donne au score une ampleur humiliante à la 76e minute. Dans la foulée, Babangida reprend victorieusement au deuxième poteau, un long centre de Finidi, et réduit la marque. Le score en restera à 4-1, le Nigeria est éliminé de la compétition de piteuse façon.

Deux paramètres peuvent expliquer cet échec cuisant, l’absence d’un gardien de but de haut niveau, Peter Rufaï n’étant plus que l’ombre du bon portier qu’il était en 1994, et surtout une forme d’arrogance qui a nui aux Nigérians. Le fait de déjà penser au match contre le Brésil au tour suivant, avant même d’avoir passé l’obstacle Danois est une énorme négligence à ce niveau. Les lourdes défaites d’avant compétition auraient dû servir d’avertissement.

La prochaine Coupe du Monde semble loin et l’équipe était censée être dans ses meilleures années, peut-être qu’elle a laissé passer sa chance. Bora Milutinovic est limogé. Bien que l’élimination ait eu lieu au même tour que 4 ans plus tôt, le retour n’est cette fois pas triomphal, c’est un sentiment d’échec qui domine, le Nigeria avait pour objectif le trophée, il en a été loin.

Retour de la CAN à domicile

Le retour d’une participation en Coupe d’Afrique en 2000, doit relancer l’ambition Nigériane. Le but est de récupérer un trophée qui n’a pas été perdu sportivement. Une décision de la CAF, le 15 mars 1999, va amplifier cette motivation. Après le désistement du Zimbabwe pour organiser la CAN 2000, ce sont le Ghana et le Nigeria qui vont abriter la compétition. Pour entraîner l’équipe au cours du tournoi, la fédération rappelle le champion Olympique Jo Bonfrère, qui remplace Thijs Libregts auteur de résultats décevants après la Coupe du Monde en France.

Il s’appuie sur le groupe des Jeux Olympiques et ajoute quelques jeunes prometteurs comme Gbenga Okunowo, Furo Iyenemi, ou encore Julius Aghahowa. Il emmène dans son staff l’ancien capitaine Stephen Keshi.

L’échec de 1998 n’a pas détruit le buzz autour de cette équipe, c’est l’époque où de nombreuses personnes prenaient les Super Eagles dans le jeu vidéo International Superstar Soccer.

Le tirage au sort offre une poule relevée, la Tunisie, le Maroc et le Congo seront les adversaires du premier tour. C’est contre les Aigles de Carthage qu’aura lieu le premier match au Surulere Stadium. La magie va-t-elle de nouveau fonctionner au sein du nid des Super Eagles ?

Le duel, entre volatiles, a lieu le 23 janvier 2000 au Surulere Stadium de Lagos, et pas de doute le Nigeria est de retour. Impressionnants sur ce match, les partenaires d’Okocha dominent très largement la Tunisie. Nwankwo Kanu, transparent en France, livre une énorme prestation et donne trois passes décisives. Okocha et Ikpeba scorent chacun un doublé et la Tunisie est battue 4-2.

Le match suivant contre le Congo, petit poucet du groupe, se conclut sur un triste 0-0. Les hommes de Bonfrère ne parviennent pas à déflorer le score, et sont même légèrement dominés. Preuve en est, les Super Eagles ne sont pas totalement guéris.

Cet échec reste sans conséquence, car cinq jours plus tard, le Nigeria élimine le Maroc en s’imposant 2-0 très facilement. Les Lions de l’Atlas, attendus comme le principal adversaire de ce premier tour ne mettent jamais en danger les locaux. Okocha trouve la barre sur coup franc, Finidi ouvre le score à la 28e minute d’une puissante frappe des 20 mètres en pleine lucarne. En fin de match, le jeune joueur de 18 ans Julius Aghahowa prend de vitesse la défense Marocaine et clôt les débats. La première place du groupe est acquise sans difficulté.

Un quart de finale, a priori facile, contre le Sénégal attend les ultra-favoris du tournoi. Les Lions de la Téranga reviennent en Coupe d’Afrique après six ans d’absence, une nouvelle génération arrive, et leur premier coup d’éclat a lieu en ce 7 février 2000. Khalilou Fadiga contrôle de la poitrine un centre d’Omar Daf, et trompe du pied gauche Ike Shorunmu, le portier Nigérian, après seulement 7 minutes de jeu. Les Sénégalais font douter les Nigérians, Henri Camara, par sa vitesse fait des misères à la défense. Alors qu’on se dirige vers une énorme surprise, Aghahowa entré en jeu quelques minutes plus tôt sauve son sélectionneur, et égalise à la 84e minute. Le match va en prolongation, et après seulement 2 minutes, Aghahowa inscrit son deuxième but de la soirée. Le public du Surulere pense que la règle du but en or est appliquée et envahit le terrain, le match met quelques instants avant de pouvoir reprendre. Okocha, frustré par le marquage très dur des Sénégalais, est expulsé après avoir donné un violent coup de coude à Mbaye Badji. La marche est quand même passée, victoire 2-1 après prolongations, mais ce fut extrêmement dur. L’hétérogénéité dans les performances reste une constante pour ce Nigeria depuis le titre Olympique obtenu en 1996.

Le duel contre l’Afrique Du Sud, en demi-finales, a des allures de revanche, les Nigérians n’ont pas vraiment digéré le fait de ne pas avoir pu participer à la CAN disputée à Johannesburg, de plus ce sont les Bafana Bafana qui avaient remporté cette compétition. De choc, il n’y en eût point, le match a été plié en moins d’une minute, temps qu’il a fallu pour Tijani Babangida pour ouvrir le score. Il double la mise à la 34e minute, et le Nigeria s’impose facilement 2-0 et retrouve en finale le rival Camerounais.

Duel âpre entre Pierre Womé et Jay-Jay Okocha. | Crédit image : DreamTeamFC.com

Opposition de styles

Au Surulere, ce sont clairement les deux meilleures équipes du tournoi qui s’affrontent, le Cameroun retrouve de sa superbe. L’après-Mondiale 1990 a été très difficile pour les Lions Indomptables, mais une énorme génération emmenée par Samuel Eto’o voit le jour. Deux styles de jeu différents s’affrontent, aux fortes individualités Nigérianes répond un collectif Camerounais bien huilé. La finale est superbe, les visiteurs démarrent mieux, Eto’o ouvre le score à la réception d’un coup franc de Pierre Womé à la 26e minute, puis il décale Patrick Mboma qui place le ballon entre les jambes de Shorunmu et porte le score à 2-0. Mboma frappe la barre et manque de tuer le match. Le Nigeria se rebiffe et revient juste avant la mi-temps par Raphael Chukwu. Le bijou du match arrive à l’entrée de la seconde période par Jay-Jay Okocha, de retour de suspension, qui envoie un missile de 25 mètres en pleine lucarne et trompe Alioum Boukar. Plus aucun but n’est marqué, mais le match est d’une énorme intensité, le Cameroun semble tout de même légèrement supérieur. La prolongation ne donne rien, ce sont les tirs au but qui détermineront le vainqueur. Nwankwo Kanu voit sa frappe arrêtée par Boukar, puis Victor Ikpeba tire sur la barre transversale, le ballon rebondit derrière la ligne, mais l’arbitre n’accorde pas le but. Marc-Vivien Foé manque la balle de match en tirant à côté. C’est Rigobert Song qui peut offrir la CAN au Cameroun s’il réussit son tir, il trouve la lucarne et offre aux Lions Indomptables leur troisième Coupe d’Afrique.

Un déclin lent mais régulier

Cette défaite en finale marque la fin d’une décennie de domination sur le continent Africain pour le Nigeria, et aussi d’un passage de témoin vers le Cameroun qui possède l’une des meilleures générations de son histoire.

Le Nigeria n’aura plus un niveau qui fera dire aux différents observateurs qu’il est un favori, ni même un outsider pour remporter la Coupe du Monde, cela sera d’ailleurs le cas pour tout le continent Africain. Seuls le Cameroun en 2002 ou la Côte D’Ivoire en 2006 sont vus comme de potentiels demi-finalistes, mais ils échouent au premier tour. Les meilleures surprises du continent en Coupe du Monde sont venues d’équipes inattendues en début de compétition, comme le Sénégal en 2002, le Ghana en 2010, et à un degré moindre l’Algérie et de nouveau le Nigeria en 2014.

Pour en revenir aux Nigérians, plus que la défaite en finale en 2000, c’est la laborieuse campagne qualificative pour la Coupe du Monde 2002, qui a enclenché son irréversible déclin, Jo Bonfrère est licencié en avril 2001, après une humiliante défaite en Sierra Leone (0-1). Le Nigeria, finalement, se qualifie de justesse devant le Liberia puis effectue une CAN 2002 décevante au Mali où il finit troisième, battu en demi-finales par le Sénégal (1-2) aux prolongations.

Le revenant Festus Onigbide est nommé sélectionneur, il était en charge de léquipe nationale entre 1981 et 1984. Le nouveau coach fait table rase du passé, et exclut du groupe des cadres comme George Finidi, Sunday Oliseh, Victor Ikpeba ou Tijani Babangida. L’équipe est complètement rajeunie, mais la nouvelle génération est un cran en dessous de la précédente. De plus, les blessures récurrentes de Daniel Amokachi ou Emmanuel Amunike ne leur permettront plus d’atteindre le niveau qui était le leur en 1996, et de ce fait ils ne sont plus convoqués en équipe nationale. Enfin, le groupe dont hérite le Nigeria en 2002, est encore une fois celui de la mort, avec l’Argentine, l’Angleterre, et la Suède. Sans être ridicules, les Super Eagles finissent derniers du groupe.

Le coup de grâce intervient en 2005, lorsque le Nigeria est éliminé par l’Angola et ne dispute pas la Coupe du Monde en Allemagne un an plus tard. Les Ouest-Africains ont participé aux 3 compétitions mondiales suivantes, mais n’ont plus eu le statut des années 90.

En Coupe d’Afrique, les Nigérians ont remporté le trophée en 2013, en Afrique Du Sud, beau symbole quand on sait qu’ils n’avaient pu participer à la CAN 1996 dans le même pays pour des raisons politiques. Autre signe du destin, ils sont devenus les éternels troisièmes de la compétition des années 2000 (en 2002, 2004, 2006 et 2010) en opposition à leur statut d’éternels seconds dans les années 1980, avant leur apogée.

Pire, le Nigeria n’a pas réussi à se qualifier à trois reprises en 2012, 2015 et 2017. Le retour effectué en 2019 leur a permis de reprendre leur troisième place fétiche des années 2000. Il semblerait que la priorité des Nigérians dans les années 2010 était de se qualifier en Coupe du Monde, plutôt que de participer à la CAN, le passage à 24 équipes de la première compétition continentale depuis l’an dernier, devrait éviter d’avoir ce dilemme à l’avenir.

Un avenir prometteur ?

Même si les résultats restent honorables, le Nigeria n’est plus une équipe de premier plan au niveau mondial, pourtant le potentiel humain est là, plus de 210 millions d’habitants peuplent la nation, une importante diaspora à l’étranger notamment en Angleterre existe, et la passion du football dans ce grand pays d’Afrique est indéniable. La situation aujourd’hui est la même qu’en 1996, les meilleurs joueurs Nigérians s’exportent très tôt vers l’étranger, ce qu’il manque, c’est tout simplement une génération avec autant de qualités que la précédente. Les Okocha, Amokachi, Amunike et consorts avaient tout pour eux, la technique, le physique, et une forme d’imprévisibilité qui faisait d’eux une équipe injouable quand tout le monde tirait dans le même sens. L’équipe actuelle présente un jeu plus stéréotypé où seul le physique prime. Ce ne sont pourtant pas les talents qui manquent, la génération de Victor Osimhen, Samuel Chukwueze ou Wilfried Ndidi peut-elle se rapprocher de sa glorieuse devancière ? L’avenir nous le dira.

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2 thoughts on “Petite histoire des Green / Super Eagles (Troisième Partie)

  1. Il y a un avant et après guidjou pour moi depuis cette découverte de l épopée du Nigeria.
    Précis,imagé,clair,peut être une écriture parfois trop « emportée par sa jeunesse ».
    Il se range à côté de Victor Hugo,flaubert,ou Bruce Springsteen pour le côté « rocknroll « de son épopée
    De l art .

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