Espagne 1962 : En route pour Santiago (1/3)

Avant son sacre en 2010, l’Espagne a connu des succès et des échecs en Coupe du monde. Après une quatrième place en 1950, la Roja se présenta avec une équipe royale au Mondial 1962. Attendue comme l’un des favoris sur le papier pour son retour en Coupe du monde, la sélection ibérique a déçu au Chili. Dans cette nouvelle série en trois épisodes, je vous propose de découvrir les coulisses du Mondial de la Roja. Retour dans cette première partie sur la qualification de l’Espagne pour le Mondial chilien.

L’aventure de la Roja pour le Mondial 1962 va commencer dans la douleur. La Coupe du monde au Chili offrait huit places directes à l’Europe pour le Mondial. Mais deux autres places pouvaient être disputées par les pays du vieux continent face à une nation africaine et asiatique, lors de barrages intercontinentaux. L’Espagne n’aura pas la tâche facile, puisque pour se qualifier, elle devra sortir de son groupe en deux tours, avant de jouer sa peau face à une sélection africaine. Mais un heureux concours de circonstance verra le Danemark, adversaire de l’Espagne, déclarer forfait pour les éliminatoires. Première étape validée pour la Roja qui va affronter le Pays de Galles, avant de pouvoir affronter le Ghana ou le Maroc.

Les hommes de Pedro Escartín, sélectionneur de la Roja, vont se défaire au finish des impitoyables Gallois. Après une victoire 2-1 à Cardiff en avril 1961, les Espagnols vont souffrir à Madrid, un mois plus tard. Buteur à l’aller, Alfredo Di Stéfano va se heurter au grand John Kelsey, gardien gallois. Il faudra attendre une superbe reprise de volée de Joaquín Peiró, milieu de terrain de l’Atletico Madrid, pour voir l’Espagne prendre l’avantage peu avant l’heure de jeu. Mais la réaction des Gallois ne va pas se faire attendre. Mené par un Ivor Allchurch des grands soirs, le Pays de Galles va égaliser grâce à son attaquant vedette. Plus que trente minutes à jouer, mais rien n’est encore fait. Les Gallois vont pousser, malgré les tentatives malheureuses de Paco Gento, ailier du Real Madrid, qui verra une de ses tentatives échouer sur le poteau. C’est encore Allchurch qui va éliminer la défense espagnole, envoyant une frappe en bout de course devant le but vide. Une occasion qui aurait pu finir au fond, si un défenseur espagnol n’avait pas dégagé le ballon sur sa ligne. L’Espagne finit par l’emporter, le Stade Santiago Bernabeu peut souffler, et la Roja accède au dernier tour de qualification. Le Pays de Galles devra dire adieu à une nouvelle qualification en Coupe du monde, après une première participation pavée de succès en 1958. Les Gallois seront éliminés par le Brésil de Pelé en quart de finale.

 « Si je ne marque pas le but au Pays de Galles, l’Espagne ne se qualifie pas. »

Une déclaration de Alfredo Di Stéfano qui se remémora cette confrontation face au Pays de Galles. (Source : El Universo)

La pression est grande pour la bande à Di Stéfano, légende vieillissante du Real Madrid. Du haut de ses 35 ans, l’attaquant madrilène compte bien rejoindre l’Union Soviétique, la Hongrie, ou l’Angleterre, pour disputer le premier Mondial de sa carrière. Motivé, il va se mettre à l’œuvre pour faire tomber le Maroc, vainqueur de la Tunisie et du Ghana. La Roja peut compter sur un nouveau joueur de talent pour renforcer le onze, le grand Ferenc Puskás. Le sélectionneur espagnol se réjouit de voir le trio magique du Real Madrid (Di Stéfano, Puskás, Gento) aligné ensemble à Casablanca, pour un premier rendez-vous décisif entre les deux sélections. La première manche va être difficilement remportée par l’Espagne. Dans une ambiance hostile, les visiteurs vont s’imposer 1-0, après un but tardif de Luis Del Sol, à dix minutes de la fin. La pression est à son comble pour le match retour à Bernabeu. L’Espagne ne doit pas se rater si elle veut rejoindre le Chili.

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Avec le soutien d’une foule enthousiaste, la Roja va se défaire du piège marocain, grâce à une courte victoire 3-2, avec des réalisations de Marcelino, Di Stéfano, et Enrique Collar. Près de six mois après le premier match contre les Pays de Galles, l’Espagne est enfin assurée de disputer la Coupe du monde. Surprenant quatrième du Mondial 1950 au Brésil, la Roja n’avait plus disputé le Mondial depuis douze ans. En 1954, l’Espagne est passée à côté d’une qualification, la faute à un pile ou face perdu face à la Turquie. Dans le barrage de qualification qui l’opposait à la Turquie, la Roja n’arriva pas à se départager avec son adversaire, malgré trois matchs et une prolongation. Dans la foulée la FIFA va prendre une décision pour le moins originale : une pièce de monnaie décidera de la sélection qui rejoindra le Mondial en Suisse. Le hasard choisira la Turquie, au grand regret des Espagnols. Quatre ans plus tard, la Roja de László Kubala, Luis Suarez, et autre Di Stéfano, va se faire coiffer sur le fil par la surprenante équipe d’Ecosse aux éliminatoires de 1958. Mais la troisième fois sera la bonne. Déterminée à faire de grandes choses ensembles, la génération dorée de la Roja est composée de stars sur la fin comme Puskás 35 ans, Di Stéfano 35 ans, ou le milieu du FC Barcelone, Joan Segarra 34 ans. Mais des jeunes joueurs expérimentés amènent aussi un peu de fraîcheur à cet effectif comme l’attaquant de Bilbao, Adelardo, ou le jeune défenseur du Real Madrid, Pachín, tous deux âgés de moins de 23 ans.

C’est dans la peau d’outsider que l’Espagne se présente au Mondial 1962. Une équipe bâtie autour de nombreuses stars, qui va connaître une drôle d’aventure en Amérique du Sud. Loin d’être épargnée par les blessures et les polémiques, la Roja va vivre un sale été 1962.

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