En route pour Montevideo

Contrairement à aujourd’hui, les équipes de foot ne voyageaient pas en avion, mais bien en bateau, quand il s’agissait de traverser les océans. Les moyens de transports se sont limités au train et au bateau. Les sélections qui se sont rendus en Uruguay ont privilégiés le bateau pour rallier Montevideo. Explications.

Les longs voyages à travers l’Atlantique n’étaient pas aussi rapides qu’aujourd’hui. Sans avion, les équipes ont dû trouver le meilleur moyen de se rendre en Uruguay avant le début de la Coupe du monde 1930. Pour cela le train et le bateau seront privilégiés, alors que les nations européens n’auront pas d’autre choix que de prendre le bateau. La Yougoslavie, la Roumanie, la France et la Belgique, seront les quatre nations du vieux continent qui répondront à l’appel de la FIFA, alors que le Mexique et les États-Unis iront représenter le continent nord-américain, certains voyageront ensemble, mais tous prendront des chemins différents. Retour sur les voyages à travers les mers et les océans, qui mèneront à Montevideo, alors l’unique moyen pour se rendre dans la capitale uruguayenne.

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Une croisière pour l’Amérique du Sud

L’Europe s’organisera à la dernière minute pour faire la traversée de l’Atlantique. Au départ de Gênes en Italie, le paquebot Conte Verde prendra le large avec la sélection roumaine à son bord ; il s’arrêtera à Villefranche-sur-Mer (France) pour récupérer la délégation française, puis redescendra vers Barcelone (Espagne) pour y prendre les belges. Une fois les équipes européennes à son bord, le Conte Verde se dirigera vers Rio de Janeiro pour prendre la sélection brésilienne. Le 4 juillet, neuf jours avant le début de la compétition, les voyageurs du Conte Verde peuvent enfin découvrir Montevideo après quinze jours de traversée. À bord les joueurs se détendront en jouant au poker ou au bridge, se payant le luxe d’assister à des séances de cinéma en pleine mer. Mais le voyage n’aura pas été de tout repos pour les joueurs qui se sont entraînés avec les moyens du bord, en l’absence de ballon sur le bateau – tous passés par-dessus bord -, des chaises seront transformées en haies, alors que les exercices physiques seront privilégiés en l’absence de terrain de jeu. Le Conte Verde ne transportera pas que les joueurs, dirigeants et arbitres seront aussi du voyage, ce fut le cas de Jules Rimet, président de la FIFA, accompagné de sa famille. D’autres émissaires de la FIFA se trouvèrent aussi sur le bateau, tout comme, John Langenus, arbitre de la finale, et deux autres arbitres internationaux, le belge Henry  Christophe et le français Thomas Balvay.

Un trophée tant convoité

Dans le Conte Verde se trouvait le trophée de la Coupe du monde, elle voyagea avec le président français, avant d’attérir dans les mains des uruguayens, vainqueur en 1930. La première coupe était un trophée flambant neuf – réalisé par le sculpteur français Abel Lafleur en 1929 –  elle représentée une déesse grecque – Niké – symbole de la victoire, avec au sommet une petite soucoupe. Le trophée pesé 3,8 kg dont le tout était en argent plaqué or. La coupe sera renommée en 1946, en l’honneur du président de l’époque, pour devenir le “trophée Jules Rimet”.

Trois autres paquebots seront affrétés par les autres sélections. Le SS Florida partira de Marseille avec à son bord la délégation de Yougoslavie direction Montevideo. Il devait prendre la sélection égyptienne en mer Méditerranée, mais les conditions météo déplorables empêcheront le paquebot de se poser à bon port, laissant à quai l’Égypte, qui devra attendre quatre ans avant de découvrir la Coupe du monde en Italie. Le second bateau, le SS Orizaba,  emmènera la sélection mexicaine vers à New York. Le paquebot était parti de Veracruz avec les mexicains en son bord, il fera escale vers le sud à La Havane au Cuba, une fois arrivé, les joueurs mexicains resteront trois jours à New York, pour finalement embarquer à bord du SS Munargo aux côtés de la sélection américaine. Ensembles ils prendront la direction de la capitale uruguayenne, en s’arrêtant en chemin aux Bermudes. Toutes les équipes arriveront avant le début des festivités, le temps de s’entraîner et de découvrir un pays qui leurs étaient inconnus pour la plupart avant leurs arrivées.

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Pourquoi ils n’ont pas pris l’avion ?

Dans les années 1920, le transport aérien de passagers en est à ses balbutiements ; les premiers vols internationaux ont été inaugurés en 1919 par l’avion français Goliath qui a transporté 12 passagers entre Paris et Londres puis Paris et Bruxelles. Les ballons dirigeables ont assuré les premiers vols entre l’Europe et l’Amérique dès 1933 mais l’incendie du Zeppelin Hindenburg en 1937 sonnera le glas du dirigeable. Le premier vol transatlantique de passagers entre l’Europe et l’Amérique n’interviendra qu’en août 1938 – vol entre Berlin et New York – bien trop tard pour le premier mondial, qui n’attendra pas de prendre l’avion pour siffler le coup d’envoi de la première fête internationale du football, dans les rues festives de Montevideo.

Crédit image :

Commons.Wikipedia.org

2 thoughts on “En route pour Montevideo

  1. Citation de l’édition en ligne:
    Cela s’est finalement confirmé en 2010, lorsqu’une édition en ligne du Parisien a diffusé une interview de sa petite-fille Amarande, comédienne et chanteuse bien connue: «Il m’a emmené à des entraînements et m’a inculqué une passion pour le football». Dans l’article, elle l’appelle par son nom: “C’est mon grand-père Georges Balvay qui a arbitré la première Coupe du monde, Brésil-Bolivie en Uruguay en 1930.”
    https://en.wikipedia.org/wiki/Thomas_Balvay

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